YVES BONNEFOY – Poesie da “Raturer Outre”

YVES BONNEFOY – Poesie da “Raturer Outre”

17 Marzo 2020 Off di Francesco Biagi

YVES BONNEFOY, Selezioni di traduzioni da Raturer Outre (Galilée, Paris, 2010)

Traduzioni di Jacopo Rasmi

 

 

La rivoluzione di notte

 

“Padre, non vedi che brucio?” Ma lui, no,

Lui lascia le porte sbattere, il fuoco avanza

Di corridoio in corridoio nel suo destino,

Non ci son più porte: solo fiamme.

 

Ed è vero: perché mai tutto questo desiderare

Ma senza potere? Aver voluto parlare

Ma senza frasi per dire? Avere rimpianti

Ma solo, senza che un altro abbia potuto capire?

 

L’oblio ha avvolto il poco che fu,

Mi parve che rifiutasse la speranza,

Voleva solo fuoco per i ceppi secchi.

 

Andavamo per strade, talvolta, la sera,

Rosse al loro culminare sul viale,

Ma non sapevamo nulla, non parlavamo.

 

 

La révolution la nuit

 

« Père, ne vois-tu pas que je brûle ? » Mais lui,

Non, il laisse les portes battre, le feu prend

De couloir en couloir dans son destin,

Il n’y a plus de portes, rien que des flammes.

 

Et cest vrai : à quoi bon tant désirer

Mais sans pouvoir ? Avoir voulu parler

Mais sans phrases pour dire ? Avoir regret

Mais seul, et sans quun autre ait pu comprendre ?

 

L’oubli a recouvert le peu qu’il fut,

Il me parut quil disait non à l’espérance,

Ne voulait que le feu pour le bois mort.

 

Nous allions par des rues, parfois, le soir.

Rouge en était le bout sur lavenue,

Mais nous ne savions rien, nous ne parlions pas.

 

Un ricordo

 

Sembrava molto anziano, quasi un bambino,

Se ne andava lentamente, la mano serrata

S’un lembo di stoffa zuppo di fango.

Gli occhi chiusi, però. Ah, creder di ricordarsi

 

Non è forse il peggior degli inganni,

La mano che prende la nostra per perderci?

Mi parve però che sorridesse

Già quasi inghiottito dalla notte.

 

Mi parve? No di certo, mi sbaglio,

Il ricordo è una voce spezzata,

Lo si sente male, anche chinandosi

 

E però ascoltiamo, e così a lungo

Che talora la vita passa. E la morte

Già nega ogni metafora.

 

 

Un souvenir

 

Il semblait très âgé, presque un enfant,

Il allait lentement, la main crispée

Sur un lambeau d’étoffe trempée de boue.

Ses yeux fermés, pourtant. Ah, n’est-ce pas

 

Que croire se souvenir est le pire leurre,

La main qui prend la nôtre pour nous perdre ?

Il me parut pourtant qu’il souriait

Lorsque bientôt l’enveloppa la nuit.

 

Il me parut ? Non, certes, je me trompe,

Le souvenir est une voix brisée,

On l’entend mal, même si on se penche.

 

Et pourtant on écoute, et si longtemps

Que parfois la vie passe. Et que la mort

Déjà dit non à toute métaphore.

 

Nessun dio

 

Nessun dio l’avrà voluto né saputo,

Nessuno l’ha accompagnato nella sua pena,

Un sogno, questo bambino sul viale

Che gli cammina accanto, cinto di luce.

 

Nessuno è morto all’ora in cui è morto,

Né gli ha stretto la mano tra le lenzuola sparse,

Nessuno avrà mai lavorato al suo fianco

Nella bottega che sostituì la vita.

 

Risale, nelle parole che dicono il mondo,

Il suo silenzio, che le nega, che mi chiede

D’immaginarne altre, ma non posso.

 

Nessuno ha posato su di lui il suo sguardo.

Ciò che avrebbe potuto essere non sarà.

La parola non salva, talora sogna.

 

 

Aucun dieu

 

Aucun dieu ne l’aura voulu, ni même su,

Aucun ne l’a accompagné dans sa fatigue,

Un rêve, cet enfant sur le boulevard

Qui marche près de lui, ceint de lumière.

 

Aucun n’est mort à l’heure où il est mort,

N’a pris sa main dans les draps en désordre,

Aucun n’aura jamais travaillé près de lui

Dans l’atelier qui remplaça la vie.

 

Remonte, dans les mots qui disent le monde,

Son silence, qui les dénie, qui me demande

D’en imaginer d’autres, mais je ne puis.

 

Personne n’a posé son regard sur lui.

Ce qui aurait pu être ne sera pas.

La parole ne sauve pas, parfois elle rêve.